Lee Bryant: Il y a deux aspects. L’un est la collaboration. L’autre est l’expérience personnelle de la connaissance, le knowledge management personnel, et son utilité dans notre propre productivité.
C’est comme un mouvement de pendule. Nous sommes passés de l’organisationnel au personnel. A présent, on doit se recentrer sur l’organisationnel à long-terme. Je ne suis pas surpris de cette situation. La première difficulté du Knowledge Management fut que le marché s’est vu accaparé par les éditeurs de logiciels. Les conférences sur le Knowledge Management étaient bien plus intéressantes auparavant.
-Oui, tout à fait.
Maintenant, 90% consistait en une présentation d’outils structurés et 10% concernait les discussions et contenus. Dans un sens, le marché a été phagocyté. Or de bons logiciels et technologies sont nécessaires. De nombreuses hypothèses émises durant la première vague du KM étaient erronées. On l’envisageait d’un point de vue organisationnel, et non d’un point de vue individuel. On a besoin de deux.
Leur approche envers les connaissances tacites et non structurées était mauvaise. Vouloir structurer le savoir tacite et non-structuré était une tentative erronée. Il faut juste un accès aux connaissances. Qu’elles soient disponibles sur le réseau.
Un autre problème non résolu, et un challenge pour les réseaux sociaux est, de toute évidence, que les gens ne partageront pas s’ils doivent faire un effort supplémentaire à coté de leur travail.
Ils doivent partager durant leur travail. Autrement, ça ne vaut pas la peine, car vous supportez les coûts sans tirer bénéfice de ce partage. En termes d’outils et de comportements, on y est pas encore tout à fait. Mais, nous nous rapprochons d’une situation où tout en travaillant, le partage apparait. Comme par magie, en arrière-plan.
Selon moi, les wikis sont les premiers outils qui ont connu le plus de succès car on récolte des bénéfices personnels en organisant son propre contenu, tout le monde organise son propre contenu et on acquiert cette incroyable richesse collective qui aide dès lors l’organisation.
Des dispositifs tel que le flux d’activités ont aussi été très utiles. On est pris au piège dans un monde de documents. Les grands éditeurs de plate-formes tels que Jive et IBM connections, supposent encore que les gens utilisent des fichiers Word.
Pourquoi encore créer un fichier Word ? C’est insensé, ça n’a pas de valeur. Bien que le fichier contienne des mots, ceux-ci sont emprisonnés et difficilement en lien avec d’autres connaissances. C’est un long voyage. Il nous reste encore du chemin à parcourir.
Nous ne sommes pas dans un monde exempt de documents, totalement déstructuré. Mais oui, c’est en train de changer. Cela va même être intéressant de constater le résultat de l’attention sur la capture et l’organisation de la connaissance.
Travailler avec la connaissance, et en être conscient va devenir plus qu’un challenge pour les plate-formes collaboratives.
La mobilité va diminuer l’importance des documents. C’est pénible d’utiliser ces formats de fichiers sur un appareil mobile. Par contre, on aime utiliser les Google docs sur un mobile. Techniquement parlant, les Google docs sont des documents mais qui comportent bien plus de bons que de mauvais côtés.
Les mots sont simplement l’avenir. Les mots sont indépendants de toute structure ou format. Certaines sociétés communiquent encore entre-elles par le biais de fichiers Powerpoint. C’est complètement fou. C’est long de créer des fichiers Powerpoint. Ils sont difficiles à retrouver.
Et on finit par utiliser d’horribles systèmes comme SharePoint pour les stocker. Ce n’est pas ce que font les gens normaux à ce moment précis. Le futur, ce sont juste les mots. Le futur, c’est une organisation agile des contenus.
Ce n’est pas seulement avoir une taxonomie ou une structure où tout intégrer. C’est à chacun d’avoir accès à cette structure, à ces taxonomies, nuancées et adaptées au contexte. Les taxonomies sont plus que nécessaires. Il en existe de très précises en médecine, en ingénierie, en droit,… Les cas d’usage pour les documents sont légion.
On espérait que le tagging puisse placer sur le même contenu de multiples couches organisationnelles. Ça a marché un moment. C’est un travail difficile et les gens l’ont laissé un peu de côté. Il y a place pour de nouvelles méthodes agiles d’organisation des connaissances.